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La gelée de persil au miel pour la Fée Gaëlle
Ce sera bientôt la pleine lune du castor. C’est aussi la nuit où la Fée Gaëlle s’envole avec les offrandes.
Il y a quelques années de ça, monsieur Bastien était assis avec Diego et Sylvain le braconnier sur des buches d’érable autour d’un petit bivouac. C’était une grosse journée. Diego avait fait les dernières récoltes de courges dures. Monsieur Bastien avait abattu et congelé une petite quarantaine de gros poulets avec l’aide de Sylvain le braconnier. La lune était belle mais les paupières étaient lourdes.
Sylvain le braconnier a sorti une petite peau de tamia de son sac, l’a placé sur la pierre de granit plate près du feu, puis il lui a donné une dernière caresse. S’adressant a monsieur Bastien « T’as quelque chose pour elle ? ». Monsieur Bastien avait un petit bocal de gelée de persil dans son sac, et l’a délicatement déposé sur la peau et dit « Voici pour elle. »
Diego - Qui ?
En faisant des gestes lents de sorcier ou de shamane avec ses longs bras maigres vers le ciel étoilé, monsieur Bastien lui a racconté que le soir de la lune du castor, la Fée Gaëlle venait chercher des offrandes et que si on avait rien pour elle, il pourrait nous arriver malheur. Que c’est elle qui chante aux chauves-souris pour les mener vers les meilleures nuées d’insectes les soirs d’été. Que c’est grâce à elle qu’on se fait piquer moins souvent.
Diego ricannait. En levant aussi ses mains vers la lune du castor.
Diego - Bon, des histoires de fées maintenant.
Sylvain le braconnier lui montra un trou dans son sourire et dit « Ne ris pas. Elle existe vraiment la Fée Gaëlle. La Fée des dents n’est même pas venue. Les Fées sont solidaires.»
Les trois étaient crampés de rire, après celle-là.
Monsieur Bastien lui pointa son petit doigt gauche amputé de moitié. « Elle part hiberner bientôt et si tu n’a rien pour elle. Il pourrait t’arriver malheur. Il faut lui faire une offrande.»
Les trois bedaines avaient des petits spasmes de rigolade.
Diego a joué le jeu, avec son éternel sourire, plein de dents.
Diego - Un bonbon au habanero ça va lui réchauffer le cœur cet hiver?
Sylvain le braconnier - Ha oui, ils sont délicieux tes petits bonbons, je suis sur qu’elle va aimer.
Diego déballa un de ses petits bonbons il le mit dans sa bouche, en faignant un air songeur de ses sourcils tellement expressifs, en offrit aux deux camarades et en déposa trois autres sur le couvercle du bocal placé sur la peau de tamia. Un bonbon à la fois, en semblant hésiter la mise.
Diego - Elle a l’air de quoi la Fée Gaëlle ?
Suçant le petit bonbon, monsieur Bastien lui a répondu que personne ne l’avait déjà vu, et qu’elle va attendre qu’ils soient endormis avant de venir les chercher. C’est ainsi que les fées font.
Sylvain le braconnier regardait en l’air en brassant les braises avec son baton pour faire lever les tisons vers le ciel étoilé. « Elle se cache parmi les étoiles et elle nous observe présentement. »
Diego - Ne la faisons pas attendre alors.
Sylvain le braconnier s’est levé, puis a lentement versé un seau d’eau sur le feu sans faire de coups. « C’est pour pas bruler ses ailes ». Il fesait vraiment noir maintenant et le ciel grouillait de fées immobiles. Les trois sont allés se coucher en rigolant, complices. Sylvain le braconnier s’est couché sur le divan au rez de chaussée, car il ronfle à dérégler les sismomètres.
Le lendemain matin, il y avait des galettes de sarrasin avec du beurre et du bon sirop d’érable, des pommes et des poires en tranches. Du café bien fort et du jus de pomme. Gaston a eu trois petits bouts de jambon. Si il y a trois humains à table, Gaston va quêter ses trois petits bouts de viande, puis aller ronronner sur le bord de sa fenêtre ensoleillée.
Diego - La Fée Gaëlle a tout pris, mes bonbons aussi.
Sylvain le braconnier - Elle va les aimer tes petits bonbons piquants. Elle va surement apprécier des trucs exotiques et tu vas garder ton beau sourire, toi.
Diego aimait travailler à la fermette de monsieur Bastien, mais il avait hate de retourner chez-lui, au Guatemala, dans trois jours. Il a fait un bon vol. Tout s’est bien passé, comme du bonbon.
À l’arrivée, ses deux enfants lui ont sauté dans les bras et les a enlacés dans ses bras d’ours, en grognant des trucs en Espagnol, en les berçant et les embrassant. Sa femme est venue compléter l’étreinte en lui grattant les épaules. Les quatre étaient enfin réunis, dans le même bonheur, dans la même chaleur. Certains passagers les on regardés et ils étaient émus. Assise sur banc, une dame aux cheveux blancs a versée quelques larmes qu’elle a discrètement essuyée avec son petit mouchoir brodé, comme il ne s’en fait plus.
Ils sont rentrés à la maison puis les câlins, les embrassades, et les jeux, ont repris. Il y avait du roti de porc à l’ail et des frijoles. Il y avait du gâteau au chocolat pour le dessert.
Juste après le lever des chauves-souris, Diego a longuement raconté l’histoire de la Fée Gaëlle à ses deux jeunes enfants, pour les endormir. Sa jeune et tendre épouse avait un grand sourire, et les yeux pétillants.
Monsieur Bastien ne fera tout juste que 6 petits bocaux de 125 ml avec cette recette. C’est pas tous les jours que les fées nous visitent.
Ingrédients :
700 ml de bon jus de pomme brut, mais bien décanté
180 g de bon miel pâle liquide
Les feuilles de deux bottes de persil frais sans trop de tiges (environ une tasse bien compactée)
30 ml de jus de citron en bouteille
10 ml (2 c. à thé) d’eau de calcium Pomona
6 g (2 c. à thé) de pectine Pomona
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Sinon y reste Zazazone.
Procédure :
Monsieur Bastien va bien laver le persil de son potager les tiges avec, car ça essore bien avec de quelques coups de poignet. Avec des ciseaux, il va couper les feuilles en laissant tout juste assez de petites tiges. Il congèlera les tiges pour un bouillon d’os de chevreuil.
Il va couper trop de persil des fois, mais plus il y aura plus les fées seront indulgentes.
Il va soigneusement verser le jus pomme dans une petite casserole à fond épais, pour éviter le dépôt au fond du bocal. Il partagera le reste demain au déjeuner.
Il va vider le persil dedans et preque porter à ébullition, quelques bouillons suffiront. Il va retirer du feu, placer le couvercle et laisser reposer pour deux heures sur linge plié sur son immense comptoir.
Il va drainer dans un tamis fin au dessus d’un bol pour deux heures encore. Le résidu de persil ira aux poules, qui ne pondront pas d’œufs verts pour si peux.
Il va en peser exactement 500 grammes, dans la même casserole juste rincée. Il va ajouter le jus de citron et l’eau de calcium et porter à ébullition.
Il avait déjà bien mélangé la pectine au miel dans un petit bain marie. Il était encore chaud et bien liquide et se versa mieux. Il le versera dans le délicieux bouillon avec une maryse verte qu’il a baptisé Maryse verte.
Il va remuer jusqu’à reprise de l’ébullition, puis énergiquement pour une minute après. Il va retirer du feu et répartir la gelée dans ses six petits bocaux.
Il va suivre ces instructions pour la mise en conserves à l’eau bouillante.
Il va les placer dedans pour juste 5 minutes, vu qu les bocaux sont minuscules, comme les fées.
Monsieur Bastien fera des variantes de cette recette avec plusieurs herbes, comme du basilic ou de l’origan ou de la menthe, car chez-lui, il y’a plein de fées dans le ciel.